Une étude est récemment sortie que je trouve passionnante. Des scientifiques sont parvenus à déterminer la valeur que nous assignons aux services numériques. Alors que les personnes interrogées étaient le plus souvent prêtes à ne plus aller sur Facebook contre quelques dollars par mois, il leur aurait fallu pas moins de 17500 dollars par an pour ne plus avoir de moteur de recherche, ou 850 dollars pour dire adieu aux sites d’e-commerce. Bref, beaucoup de services numériques sont non-payants, et si la recherche en ligne vaut réellement 17500 dollars par personne et par an, alors cela représente un tiers du PIB américain.
Cette étude prouve à quel point le réseau social a peu de valeur de notre point de vue : un moteur de recherche nous paraît valoir 30 fois plus. Mais au final, Facebook est bien plus valorisé que cette dernière. Et cela démontre bien l’originalité de Facebook : c’est un service moyen, mais à haute valeur lucrative, et dont l’utilisateur est esclave, à l’inverse des autres services.
Je crois que nous devrions de toute urgence trouver une manière de transformer les réseaux sociaux en en quelque chose de semblable à l’e-mail : un profil mobile qui peut être trimbalé sans difficulté d’un fournisseur à un autre, comme nous pouvons transférer notre numéro de portable avec la portabilité du numéro, et composer n’importe quel numéro de téléphone dans le monde. Diverses propositions existent déjà : le pionnier du Web Tim Berners-Lee propose par exemple un système appelé “Solid”, qui permet aux internautes de contrôler leurs propres données et de ne les fournir aux services numériques que sur la base d’une “obligation d’être informé”.
Une autre étude me semble également très révélatrice. Des chercheurs ont demandé aux étudiants du MIT quelle valeur ils donnent à leurs données personnelles, et aux données de leur entourage. Le résultat est sidérant. Les sujets ont en effet réalisé des choix très distincts en réaction à de petites incitations ; ils laisseraient sans problème leurs données privées contre… une pizza. La valeur monétaire que nous octroyons aux moteurs de recherche est flagrante. Mais nous en donnons bien moins à notre intimité. Les GAFA ne sont pas près de baisser leur chiffre.